Plumes d’Afrique
Rencontre avec Sénamé K. Agbojinou
Vendredi 19 novembre 2021, dans le cadre du festival Plumes d’Afrique, Sénamé Koffi Agbojinou, chercheur en architecture et en anthropologie est venu au lycée rencontrer des élèves de seconde et de première.
Après des études de design, d’anthropologie et d’histoire de l’art en France, Sénamé Koffi découvre il y a une dizaine d’années l’éthique hacker. Cette philosophie prône le développement de formes plus démocratiques, plus ouvertes des technologies. En effet, toutes les technologies appartiennent aux «bigtech» et nous rendent consommateurs. L’idée principale de l’éthique hacker est donc que les citoyens s’approprient les technologies afin de les produire eux-mêmes.
Fort de cette expérience, Sénamé Koffi a donc lancé, en 2012, le projet d’un fablab dans un quartier de la ville de Lomé, au Togo. Son but : développer une smarcité, ou cité intelligente, dans laquelle les citoyens s’affranchiraient des technologies proposées par les grosses industries technologiques.
Ce fablab est auto-financé et, grâce à un appel à contribution, a pu bénéficier de la participation de hackers venus du monde entier pour former les citoyens de Lomé.
Depuis, plusieurs projets ont vu le jour : grâce à la start up Woebot, la première imprimante 3D africaine, baptisée W. Afate, du nom de son inventeur, a été créée à partir de déchets électroniques ; une poubelle connectée a vu le jour grâce à une autre start up, Miledoo, qui cherche à répondre aux problèmes d’insalubrité des marchés togolais. Les habitants du quartier peuvent récupérer ce type de poubelle auprès du fablab afin de stocker leurs déchets plastiques. Une fois remplie, un sms est envoyé à l’équipe qui vient la récupérer. Le plastique collecté est alors trié puis vendu à de grosses entreprises.
C’est cette aventure que Sénamé Koffi est venu partager avec les élèves. L’échange a été enrichissant, comme en témoigne Faustine, élève de seconde : « C’était intéressant de découvrir des projets alternatifs que je ne connaissais pas, comme le système du troc qui m’a particulièrement intéressée. » Sami, lui, trouve que « cela fait réfléchir à nos propres pratiques et questionne sur nos modes de vie actuels en lien avec le changement climatique ».
Les échanges ont été riches entre l’architecte et les élèves